lundi 18 janvier 2010

André-Joseph Léonard

C’était officieux depuis plusieurs jours, c’est aujourd’hui officiel, André-Mutien Léonard, évêque de Namur devient André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique.
Ce serait sans grand intérêt si le chef de l’Eglise catholique belge n’occupait pas la seconde place dans la liste de préséance protocolaire, juste après le Roi et avant le Nonce apostolique.
C’est purement symbolique mais il y a de quoi s’inquiéter sur l’influence de l’Eglise catholique dans un pays dont la Constitution proclame la séparation de l’Eglise et de l’Etat mais dont le Souverain n’hésite pas à se prosterner publiquement devant le pape et où le Primat et le Nonce ont la priorité sur les Présidents de la Chambre des représentants et du Sénat.

Aussi voyons qui est le nouveau primat de Belgique.
Croix et bagues apparentes, habits austères, visage dur et fermé... André-Joseph Léonard tranche avec son prédécesseur. Avec sa voix douce et son visage rond, Godfried Danneels a toujours adopté des positions consensuelles. Mgr Léonard collectionne les polémiques.
Il s'est déjà fait remarquer en tant qu'évêque par des prises de position qui ont provoqué à plusieurs reprises de vives réactions, notamment sur l'homosexualité. En juin 2008, il a ainsi bénéficié d'un non-lieu devant la chambre du conseil de Namur, dans le cadre de poursuites intentées pour propos homophobes reproduits dans l'hebdomadaire Télémoustique. Dans l'interview controversée, l'évêque, connu pour ses positions rigoristes, qualifiait l'homosexualité d'anormalité. Il a expliqué par la suite que son jugement visait le comportement et non les personnes, appuyant son analyse sur Freud.
Mgr Léonard considère que les homosexuels ont rencontré un blocage dans leur développement psychologique normal. Dans son interview à Télémoustique, l'évêque de Namur faisait aussi référence aux gay prides, estimant que "la promotion de l'homosexualité au travers des gay prides signe le retour à l'Antiquité gréco-romaine".
S'exprimant sur le mariage des homosexuels, Mgr Léonard affirmait encore que "le mariage est, par définition, l'union stable entre un homme et une femme". Il préconise dès lors de pas utiliser le terme de "mariage" pour les unions homosexuelles. "Un pics, un pacs, un pucs... tout ce que vous voulez mais pas mariage", disait-il.
Sur d'autres sujets de société, comme l'euthanasie ou l'avortement, l'évêque a également pris des positions tranchées. Il a aussi vivement décrié l'usage du préservatif, qualifié de "roulette russe". Mgr Léonard s'est également exprimé à propos de la recherche sur les embryons et la bioéthique.

Ses prises de position semblent avoir plu à Rome. Proche de Jean-Paul II, il considérait le pape polonais comme un père. Lors de son décès, il soutient de la même façon Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI. “J’espérais cette élection ”, déclare ainsi le futur primat de Belgique. Ratzinger l’Allemand et Léonard le Belge partagent en effet une même vision de l’Église. Très conservatrice.
En 2005, on annonce d’ailleurs leur réunion, à Rome, Benoît XVI faisant de l’évêque namurois son successeur comme président de la Congrégation de la doctrine de la foi. Le Pape avait visiblement un autre projet pour lui: diriger l’Église belge. Celle-ci va mal, en pleine crise de vocation. La société belge, de son côté, a adopté des lois profondément choquantes pour le Saint-Père, sur l’euthanasie ou le mariage homosexuel. Les déclarations d’André-Mutien Léonard n’ont pu que renforcer le pape dans son idée: le Namurois est celui qu’il faut pour reprendre en main le catholicisme belge.
Pourtant, dans son propre diocèse, il ne laisse pas un grand souvenir. “ Il ne comprend pas suffisamment le monde actuel ”, “ il n’a jamais su rassembler ses paroisses ”... Il ne faut pas chercher longtemps pour trouver des curés mécontents de son passage.

Le choix de Rome n’a rien d’étonnant mais il est regrettable d’assister au retour des intégrismes au moment où nous avons tant besoin de gens ouverts au dialogue et au respect de la diversité.
Certes, si on considère qu’être normal, c’est être conforme à la norme majoritaire, l’homosexualité est anormale, mais le célibat des prêtres l’est tout autant. Ce n’est malheureusement pas en se basant sur de telles considérations qu’on pourra créer un avenir serein.

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