vendredi 8 janvier 2010

Quand on se découvre Gay

Je remercie Julien qui m’a permis de publié ce texte qu’il a composé il y a quelques années et que je trouve très beau.

Généralement, quand vous vous découvrez homosexuel, vous ne sautez pas de joie en vous disant : "youpie, j'ai décroché le gros lot, je suis un être d'exception, un élu des dieux".
Prendre conscience de son homosexualité, c'est au contraire ramasser une douche tellement froide qu'elle vous glace le sang et anéantit l'estime que vous pouvez avoir de vous-même, tant les images véhiculées par la société sont négatives.
Les quolibets, les jugements réprobateurs, vous les avez entendus mille fois... Tant et si bien d'ailleurs que vous ne pouvez pas vous rendre à l'évidence, vous ne pouvez pas vous résoudre à être ça, ce vilain petit canard que tout le monde va montrer du doigt.
Alors, vous refoulez, vous vous dites que ça va vous passer, vous vous repliez sur vous-même et vous faites tout petit craignant que le moindre de vos sentiments ne paraisse au grand jour. Puis vous frimez, vous donnez le change et entrez dans le jeu de l'hétérosexualité ambiante, multipliant les conquêtes féminines, dragues ridicules autant qu'insatisfaisantes. Poser vos lèvres sur la bouche d'une fille vous dégoutte, vous fermez les yeux, votre esprit s'évade vers le garçon qui hante vos rêves. Elle est lui et vous voudriez qu'il soit elle ; vous rêvez de le voir changer de sexe pour pouvoir l'aimer au grand jour ; avec lui, ce serait différent, vous iriez plus loin, ce serait éternel.
Les filles vous dégouttent, le monde vous révolte, la vie est absurde et vous vous sentez abjecte. Le miroir vous renvoie l'image d'un monstre qui vous révulse et qu'il faut abattre. Mais ce monstre, c'est vous, docteur Jeckill et mister Hyde ; vous ne pouvez l'abattre sans vous détruire. Pour survivre, le monstre doit s'épanouir, devenir plus monstrueux encore, plus abjecte, s'affirmer en tant que monstre et écraser le monde de sa monstruosité, ...
Vilain petit canard, regarde le monde autour de toi, ce monde peuplé de canards claudiquants, boiteux dans leurs préjugés.
Regarde plus haut, observe les aigles ; ne serais-tu pas de leur race ?
Regarde plus loin, la danse majestueuse des cygnes ; n'aurais-tu pas leur grâce ?
Regarde-toi enfin, vois le reflet de ton âme dans les eaux claires de la vie et deviens ce que tu dois être. Sois toi-même et non le pâle reflet de celui que les autres voudraient que tu sois.
Tantôt aigle, tantôt cygne, je n'ai pas encore trouvé ma voie. La seule chose que je sais, c'est que je ne suis ni un monstre, ni un hétéro. Je ne suis pas anormal, mais tout simplement gay, un garçon qui aime les garçons. Ma nature est ainsi faite et je ne peux rien y changer.
Refuser cette réalité est inutile, vouloir la contrer, c'est aller au devant de problèmes insurmontables, qui ne pourraient être résolus que par ma propre destruction.
Si refuser l'homosexualité ne posent que des problèmes qui s'estompent au moment où elle est acceptée, il faut admettre qu'elle n'est pas un problème en soi. Pour ma part, j'en suis convaincu. La seule source de toutes les tracasseries que nous rencontrons, c 'est l'homophobie ambiante de notre société ; une homophobie sournoise et criminelle qui conduit de nombreux jeunes au suicide et contre laquelle nous devons lutter avec la plus grande énergie.

Julien

N'hésitez pas à donner votre avis sur ce que dit Julien. Merci.

Message suivant : André-Joseph Léonard

4 commentaires:

  1. Reprendre le conte du vilain petit canard, je trouve l'idée vraiment bonne, mais pour Dr Jekkyl et Mr Hyde, je trouve ça un peu trop fort. Pour moi ce qui a été le plus violent ça a été de faire souffrir des filles qui ne m'avaient rien fait, en interrompant brutalement une relation quand ça devient sérieux, et sans réel motif. Je l'ai fait plusieurs fois, et j'en suis vraiment pas fier, à vouloir être aimé, je me suis fait hair, c'est en partie grâce à ça que j'ai pu faire mon coming out.

    Stéphane

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ton témoignage, Stéphane.
    C'est vrai que Dr Jekkyl et Mr Hyde est une image forte et je suis heureux que tu le ressentes ainsi. Malheureusement, j'ai l'impression qu'elle traduit le ressenti de certains jeunes qui se découvrent homo. Faut-il rappeler que le taux de suicide est beaucoup plus élevé chez les jeunes gays que chez les jeunes hétéro ? Comment l'expliquer si ce n'est par l'image très négative qu'ils ont d'eux-mêmes ?
    J'aime bien aussi l'image du vilain petit canard qui montre qu'on peut s'épanouir dès le moment où on arrive a assumer son homosexualité.
    Bisous.

    RépondreSupprimer
  3. formidable cet article je m'y retrouve comme baucoup d'entre nous je le craint.il en faudrais des tonnes d'articles comme sa.on ne resoudra peut etre pas tout,mais nous nous devont d'etre preventif pour ces jeunes qui refoule leur homosexualité en se detruisant dans la drogue ou la delinquance qui perdront au moin 10ans de leur vie, ou ceux qui prefer se suicider .bisous .

    Philippe.

    RépondreSupprimer