vendredi 11 décembre 2009

Triste histoire

Mon attention a été attirée cette semaine par une triste histoire d’homophobie jugée actuellement par la cour d’assise du Nord.

Deux jeunes marginaux sont accusés d'avoir battu à mort un sexagénaire dans un parc fréquenté par des homosexuels en janvier 2008 à Cambrai, quelques heures après avoir agressé deux autres homosexuels au même endroit.
Issus de milieux modestes, sans qualification ni profession, les coaccusés, qui se sont rencontrés dans un foyer d'hébergement, ont reconnu les agressions mais nié avoir agi par haine des homosexuels.
« Je n'ai rien contre eux », a déclaré à l'audience l’un des prévenus, père de trois enfants, accusé par l'une des victimes de l'avoir frappée après lui avoir demandée : « Tu es pédé ? ». La cour s'est essentiellement intéressée à la personnalité de l’autre prévenu qui a avoué une relation sexuelle avec l'une des victimes. « J'ai eu peur qu'il dise quelque chose. J'ai eu peur que Cédric sache que j'avais eu une relation sexuelle avec un homme », a-t-il expliqué pour justifier ses violences.
« La question n'est pas de savoir si un auteur de délit ou de crime est homophobe mais de savoir s'il a commis un acte homophobe », a lancé Me Jean-Bernard Geoffroy au nom du Collectif contre l'homophobie, évoquant une possible « haine de soi » et un rejet de sa sexualité chez le prévenu en question.
« L'un des enjeux de ce procès est le contexte dans lequel les agressions ont été commises, en clair le caractère homophobe ou non », a souligné le président Jean-Michel Faure.
Le président lit ensuite les dépositions de résidants du foyer d'hébergement de Cambrai où vivaient les deux accusés. Il cite : « Kevin m'a dit que ce n'était pas sa première agression dans le parc. C'était la troisième ou la quatrième. Il appelait ça la chasse aux pédés. » Le président Faure l'interroge. « Avez-vous employé ce terme ? » Lui, qui se reconnaît coupable mais nie son homophobie, répond naturellement, « Oui, j'ai tenu ces propos car je n'assumais pas ma relation sexuelle avec une des victimes. J'ai préféré que l'on retienne cette image-là de moi plutôt que de quelqu'un qui a une relation avec un homme. » Le président lui demande alors : « Êtes-vous homosexuel ? » Sans trembler, il répond : « Oui ».
Cédric, mal à l'aise, répond comme un gamin vexé à la question suivante. « Kevin, vous avait-il déjà dit qu'il faisait la chasse aux pédés ? ». Il se penche vers le micro. « Non ».
Le médecin légiste a plongé la cour dans l'effroi. Son examen a révélé des coups d'une extrême violence portés au visage provoquant une hémorragie intracrânienne. « La mort est la cause directe de ce traumatisme crânien ». « La victime aurait-elle souffert avant de tomber dans le coma ? » l'interroge le président. « Oui, les lésions n'ont pas été immédiatement mortelles. Il y a eu ensuite une période de coma léger, puis profond, avec une agonie. » Quant aux coups de poing donnés à l'une des parties civiles agressées, le médecin affirme : « Des coups de poing au visage qui donnent de telles lésions, c'est peu courant ! »
Loin de moi la volonté d’excuser ces jeunes agresseurs ou de leur trouver des circonstances atténuantes. Ils ont commis un crime crapuleux et doivent être sanctionnés sévèrement pour ces actes. Toutefois, mon coup de pique ne leur est pas adressé. Ce serait trop facile de désigner ces deux paumés comme seuls responsables de cette atrocité.
Il y va aussi de la responsabilité d’une société largement hétérosexuelle, incapable de s’occuper de tous ses enfants et de leur donner des repères clairs, des raisons de vivre autres que s’attaquer gratuitement à ceux qui leur paraissent plus faibles ou plus paumés qu’eux.
Mon coup de pique vise tout particulièrement ceux et celles qui, en col blanc ou robe de dame patronnesse, en soutane blanche ou en djellaba, déversent leur bile homophobe et laissent penser aux esprits faibles que les homosexuels sont des être moins respectables que les autres.
Certes, ces « notables » ne seront jamais condamnés par la cour d’assise du Nord. Pourtant, ils ont leur part de responsabilité dans les actes commis à Cambrai et dans bien d’autres perpétrés ailleurs.


Monsieur Vanneste ne devrait-il pas plutôt envisager une thérapeutique, un accompagnement, pour les jeunes enfants délinquants ? J’imagine qu’il préférerait, pour respecter la parité, envisager une société avec 50 % d’homophobes. C’est dramatique !

Message suivant : Il y a 10 ans, l'Erika

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