mardi 15 décembre 2009

Homoparentalité, pourquoi pas ?

Certains s’inquiètent des propos que j’ai tenu mercredi dernier dans l’article intitulé « L’homophobie nuit à l’humanité ». Ils pensent que ce raisonnement pourrait nuire aux besoins qu'ont les couples homosexuels de créer une famille et aux revendications de la communauté LGBT concernant la légalisation de l'adoption par des couples homos et la législation des "mères porteuses".

Tout d’abord, je tiens à rappeler ce que j’ai déjà précisé par ailleurs. Ce que j’écris sur ce blog ne sont que des réflexions personnelles qui n’engagent que moi. Ce sont des pistes que je propose face aux problèmes devant lesquels nous nous trouvons quant à l’avenir de notre humanité mais que je n’impose à personne. Elles sont là pour nourrir la réflexion de ceux et celles qui viennent me lire, pour proposer des arguments à ceux qui en cherchent pour répondre aux homophobes. Cependant, il appartient à chacun de se positionner en conscience, de retenir ce qu’il pense bon et de laisser de côté ce qu’il juge ne pas convenir. Loin de moi la volonté totalitaire d’imposer mes convictions à tous.

La question de l’homoparentalité est vaste. Elle recouvre plusieurs réalités différentes. Je ne pense pas pouvoir en faire le tour en quelques phrases d’un petit article de blog.
Par ailleurs, il me semble que les positions sur ce sujet sont loin d’être unanimes parmi les homosexuels. Il serait donc dangereux de se prononcer sur ce point au nom de la communauté LGBT.
Tout comme pour le mariage, je pense que les homosexuels qui désirent avoir des enfants ne constituent qu’une petite minorité. Toutefois, cette faible proportion d’homosexuels concernés par la question ne peut pas servir d’argument pour rejeter en bloc toutes les revendications en la matière. Ce qui compte avant tout, c’est de mettre fin à toute discrimination injustifiée et cesser de considérer les homo comme des citoyens de seconde zone.
Si j’insiste sur la petite minorité d’homosexuels intéressés personnellement par l’homoparentalité, ce n’est pas pour dénier leurs droits à une stricte égalité de traitement avec les hétérosexuels mais parce que je pense que le désir d’enfants de certains homo ne remet pas fondamentalement en question ce que je disais mercredi dernier à propos de la reconnaissance de l’homosexualité face aux problèmes de surpopulation.
Je reste convaincu qu’une acceptation universelle de l’homosexualité pourrait avoir un impact aussi important sur la démographie que la politique totalitaire de régularisation des naissances adoptée depuis quelques décennies par la Chine.
Il est évident qu’il n’y pour moi aucune comparaison possible, outre l’impact sur le volume de la population, entre la politique inqualifiable de la Chine et l’acceptation de l’homosexualité. Entre une politique totalitaire qui méprise les droits de l’homme et une politique de reconnaissance du droit à la différence affective, mon choix est vite fait.

La question de l’homoparentalité recouvre plusieurs réalités bien différentes les unes des autres : des parents qui découvrent ou acceptent leur homosexualité tardivement, des couples de même sexe souhaitant adopter des enfants, des lesbiennes en demande d’insémination artificielle, des gays à la recherche d’une mère porteuse, …
Chaque situation est un cas d’espèce qui requiert une réflexion spécifique. Cependant, je pense que nous nous égarerions si nous traitions la question en ne regardant que son côté homo.
En réalité, ces questions n’ont rien de spécifiquement homo. Ce qui est en cause avant tout, c’est le problème des familles recomposées et de la place des nouveaux conjoints, c’est l’adoption, c’est la procréation médicalement assistée, c’est le problème des mères porteuses, …
Il serait bien naïf de croire que les couples hétérosexuels auraient les bonnes réponses à ces questions et ce serait discriminatoire de penser que les couples homosexuels ne seraient pas capables de faire face à ces problèmes. Nous disposons aujourd’hui de suffisamment d’exemples de couples hétérosexuels incapables d’éduquer leurs enfants et de couples homosexuels qui réussissent parfaitement cette éducation.

Message suivant : Homophobie en chiffres

2 commentaires:

  1. J'aime bien ton travail, je trouverai intéressant que d'autres se lancent dans ta démarche. Les questions liées aux droits civiques que sont l'adoption et le mariage, et ceux liés à la procréation ne sont pas de même nature. Techniquement, si on se fie à la constitution française, puisque chaque citoyen dispose des mêmes droits, le mariage et l'adoption devraient être aquis aux gays, or ce n'est pas le cas il y a donc injustice et discrimination. Pour ce qui est de la procréation médicalement assistée, ça relève de la bio-éthique, et là le sujet est encore brûlant, je pense que les choses évolueront quand même en faveur des revendications de la communauté LGBT. Stéphane

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  2. Merci pour ton message, Stéphane.
    Je suis d'accord avec toi pour dire que le mariage et l'adoption devraient être acquis aux Gays en France. D'ailleurs, d'autres pays ont franchi le pas. Je ne crois pas qu'ils l'ont fait à la légère. En Belgique, il y a eu un vrai débat qui a profité à tout le monde. L'accent ayant été mis sur les droits de l'enfant, les conditions d'adoption ont été revues à la hausse pour tout le monde. Il n'est pas certain que cela aurait été fait dans l'intérêt des enfants sans la demande des Gays à pouvoir adopter. Personne n'avait jamais pensé à remettre en question la capacité de parents hétéro à bien s'occuper des enfants. Pourtant, rien n'est moins évidents.
    Pour la PMA, il s'agit effectivement d'un sujet plus brûlant qui soulève pas mal de questions mais ces questions concernent tout autant les couples hétérosexuels que les couples homosexuels. Je ne pense pas qu'il y ait lieu de faire des discriminations sur ce point-là non plus. Au contraire, le fait que des couples homosexuels souhaitent y faire appel peut apporter un éclairage différent sur la question.

    Merci aussi pour ton appréciation du travail que je fais. J'imagine que d'autres se sont déjà lancés dans des démarches similaires. Le problème est d'être informé de ces démarches et de pouvoir confronter les idées.
    Cela me semble en effet important de pouvoir échanger les idées, surtout quand elles sont divergentes. Ainsi, je remercie l'anonyme qui m'a laissé un message la semaine dernière en m'obligeant à revoir ma position, à la nuancer, à laisser la question ouverte plutôt qu'à la fermer par un avis tranché et définitif. J'espère d'ailleurs avoir émis aujourd'hui un avis plus nuancé que la réponse que je lui ai faite (trop rapidement sans doute)jeudi dernier.

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