jeudi 19 novembre 2009

Don Gaychotte

Un copain m’appelle Don Gaychotte par allusion à Don Quichotte, le rêveur illuminé qui parcourait l’Espagne pour combattre le mal et protéger les opprimés. Il me dit que tout comme le héros de Cervantès je me bats contre les moulins à vent.
Il se peut qu’il ait raison, surtout que je n’ai personnellement rien à gagner dans le combat que je mène.

J’ai la chance d’habiter en Belgique, un pays où les gays n’ont plus grand-chose à revendiquer : une loi interdit les discriminations basées sur l’orientation sexuelle, une autre autorise le mariage entre personnes de même sexe et l’adoption d’enfants par des couples homosexuels. J’ai tout ce qu’il faut pour être heureux, un ami aimant et suffisamment déluré pour m’entraîner au septième ciel aussi souvent que je peux le souhaiter, une famille ouverte qui m’accepte tel que je suis, un entourage qui ne me pose aucun problème. Je n’ai même jamais été inquiété ni agressé en raison de mon orientation sexuelle. Que demander de plus ?
Pour moi, rien. Pour les gays qui n’ont pas la même chance que moi, tout ce dont je peux profiter. Pour le monde à venir, une ouverture d’esprit et un dialogue permanent, respectueux de la diversité et des spécificités de chacun, qui lui permettent de survivre.

Si la gay-militance est ma première préoccupation, ce n’est pas la seule. Je suis persuadé que tout ce qui peut être dit concernant la confrontation entre les pro- et les anti-homosexuels peut être transféré aux autres confrontations qui divisent notre société et risquent de la mettre à feu et à sang si on laisse le débat entre les mains des extrémistes de tout bord.
Comme militant pro-homosexuel, je dois me méfier de moi-même et de la tentation toujours possible de tomber dans l’extrémisme et l’intolérance. J’avoue que l’envie ne me manque pas de préconiser des solutions extrêmes face à la mauvaise fois ou aux préjugés tenaces de certains anti-homosexuels.

Quand j’entends que les responsables religieux refusent de condamner les discriminations contre les homosexuels et justifient par leurs propos les pires actes d’homophobie, j’ai envie d’en appeler à l’interdiction de toute religion, comme au bon vieux temps de la révolution française et celui du communisme. La tentation est parfois forte de glisser une bombe sous le trône du souverain pontife et de faire bouffer leurs djellabas aux islamistes. Ce n’est bien sûr pas une solution. L’intolérance entraine l’intolérance, c’est un cercle vicieux qu’il faut briser.
Si la militance homosexuelle se justifie, je crains qu’à trop forte dose, elle génère de l’homophobie et des réactions anti-homosexuelles.Suis-je bizarre ? Qu’en pensez-vous ?

Message suivant : L’homophobie n’est pas un délit.

2 commentaires:

  1. Bizarre ? Non ! Au contraire. Tu as bien conscience de la société dans laquelle tu vis et si effectivement tu ne bascules pas dans l'extrémisme, c'est que tu as tout compris.
    Continues dans cette voie, c'est déjà énorme de prendre position et de le dire. Beaucoup ne le font pas.
    Bisous

    RépondreSupprimer
  2. Merci. Je crois en effet que l'extrémisme ne conduit nulle part, que ça ne fait qu'empirer les choses. Je crois aussi que la seule façon d'éviter l'extrémisme, c'est de se parler et surtout s'écouter. Parce que, si on ne s'écoute que soi et ceux qui ont le même avis, on finit par croire que c'est la seule vérité.
    Merci pour ton message. Kiss.

    RépondreSupprimer